Il aurait fallu partir de Port-Louis en Bretagne, tel Francis Joyon quelques mois plus tôt à bord de son trimaran, fendre les mers, longer le continent africain et traverser l'océan indien plein de ce ronflement permanent, pour comprendre l'histoire de l'Ile Maurice. Une île, pas plus grande qu'un tiers du Finistère, et peuplée de ces hommes venus d'ailleurs......du Morbihan, du Mozambique, de Madagascar, de Calcutta, de Canton, oui ils sont bien venus d'ailleurs, tous
- T'es d'où ? questionnent nos compatriotes bretons pour engager la conversation et savoir si nous sommes du bled.
...de quelques kilomètres plus loin - seulement, et "on n'est déjà plus d'ici"... presque des étrangers.
Alors, l'Ile Maurice demeure cette terre conquise, ou bien ce lieu de naufrage pour les esclaves africains arrachés à leur famille et venus labourer les sols pour que s'épanouissent la canne...
Si le temps n'efface pas l'histoire, l'histoire vient se mettre au service du temps pour comprendre le passé... et les pages d'un livre aux multiples dialectes s'ouvrent devant nous.
Le créole tout d'abord, né de la rencontre des hommes et des courants linguistiques.
Toute l'aventure du Tour de Maurice en roulotte réside dans cette volonté de rendre l'histoire "vivante"... de faire s'ouvrir les encyclopédies, les archives, les rayons des bibliothèques et que cette commémoration de la bataille de Grand Port nous éclaire sur notre propre histoire. Car cette histoire est nôtre. Savez-vous combien de nations, combien d'hommes, de femmes et d'enfants sont directement concernés par cette seule commémoration ?
Il faut avancer les yeux grands ouverts, détourner son regard des filaos et plages superbes pour mesurer tout l'intérêt de ces festivités... c'est pourquoi lorsque l'avion se pose le 16 mars à Plaisance, après 11 heures de vol et de sommeil accumulé, je me presse de rejoindre le chauffeur, l'agenda ouvert, le crayon à la main...
- à quelle heure est la réunion de travail au ministère, je lui demande.
- non, pas réunion, auzourd'hui, c'est jour férié !
Me faire venir un jour férié ? Je répète la question à trois reprises, précise qu'un lieu de réunion doit certainement être fixé, mais les espoirs seront vains...
Les routes habituellement denses nous conduisent rapidement à l'ouest de l'Ile.
Une heure plus tard, le téléphone sonne et j'apprends que le ministère de la culture me réserve cette surprise en guise de bienvenue... une journée de plage !
et pour cause...
