La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel, et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte.

Kate Chopin. Retour en arrière... Dimanche 28 mars. Rivière Noire. 08h30 du matin.
Je retrouve Jean-Pierre Henry face au port de plaisance, le regard fixé sur la mer...
Immobile face aux catamarans et sous un soleil déjà fort, les souvenirs d'enfance alimentent notre conversation... autour de nous, les touristes guettent le départ des bateaux pour une journée d'excursion.
Le calme de la matinée nous permet de visiter le "club", cette vieille baraque au bois tiédi, refuge des marins chevronnés et où de nombreux trophées de pêche accrochés au mur, ravivent les vieux souvenirs. Ici, sur une photo jaunie, la famille Henry pose à côté d'un marlin, et partout, la mer s'invite comme consolation au temps qui passe, et se passe de père en fils...
L'équipage informe que le Madiana 2 est fin prêt pour le départ... et, dans le murmure de l'aube, loin de l'agitation de Port-Louis et de son tumulte, l'oiseau glisse sur une mer calme. En s'éloignant de la côte, les montagnes s'élèvent dans un ciel sans ride.

Nulle autre parole que celle des voiles...
Jusqu'à ce que des cris rompent la lenteur du temps... alors, commence un ballet chorégraphié par une troupe de dauphins joueurs et habiles. Et nous, public enchanté par le spectacle, nous sursautons à chaque voltige. Certains ont posé leur caméra pour apprécier pleinement la mélodie du silence cadencée par les cris aigus des dauphins... qui, quelques minutes plus tard, s'éloignent sans bruit dans les profondeurs marines...
Mesurant notre émotion et toutes les images qui se pressent dans nos yeux d'enfant, la joyeuse bande remonte à la surface de l'eau et nous offre une dernière danse...
Le spectacle achevé, nous remettons les voiles en route vers le Morne Brabant et une plongée au-dessus des coraux.
Là-dessous, les couleurs chatoyantes éclatent... à porter de mains, les poissons s'exécutent, se lovent, flirtent avec nos regards ébahis... on dirait que la porte du paradis vient de s'ouvrir... silencieuse.Lorsque je remonte à la surface de l'eau, une fumée s'échappe du catamaran et exhale dans une atmosphère divine les odeurs de grillade... Radio one est allumée et diffuse l'interview réalisée mardi dernier sur le Tour de l'Ile Maurice en roulotte...
Au cours de cette matinée, l'occasion me sera donnée de replonger dans les aventures de Jack Aubrey et de Louis Garneray, et, par le récit que me livre Jean-Pierre Henry, d'approcher les canons de la "Preneuse".

Un instant, la mer et la voix tournent les pages des plus belles victoires maritimes des 18 et 19èmes siècles, lorsque les voiles claquaient au vent et les trésors se croisaient en mer... la vapeur, peu après, fera entrer dans la légende ces hommes-oiseaux volant sur les haubans et courant au-dessus des mers avec un code de l'honneur aujourd'hui englouti...

Toute la journée s'écoule ainsi, dans une symphonie magistrale où le fantastique et le rêve se tutoient...
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