10ème jour. Départ. "Une île est par définition fragile, nomade.Tout le monde a peur qu'elle se dissolve à un moment donné ou parte à la dérive."

Erik Orsonna.

Samedi 19 décembre. 06h00 du matin.

Dix jours se sont écoulés.

Dans la voiture qui me conduit à l'aéroport de Mahébourg, la discussion avec Dinand se déroule en créole, en français et parfois en anglais. Elle a fait sauter les verrous et ouvert la porte à l'autre, à son histoire et à sa culture...

La superficie de l'Ile Maurice surprend par la richesse de son histoire et cette mosaïque de cultures pacifiques. La réalité du mauricien est plus nuancée et moins policée mais le voyageur garde l'impression de tenir entre ses mains les clefs du paradis. La Bretagne a marqué de son empreinte maritine l'histoire de l'Ile et de son développement. Quiconque s'intéresse à l'aventure de la compagnie des Indes Orientales et des navires en route vers les Indes trouve ici un port d'attache, gardien de la mémoire.

L'Ile Maurice conserve un lien amical et précieux avec la France et la Bretagne.

Les festivités du bicentenaire de la commémoration de la bataille de Grand Port sont l'occasion de revivre l'un des chapitres marquants des batailles maritimes - seule victoire navale de la France sous Napoléon. Cette victoire - inscrite sur l'arc de Triomphe de Paris, rappelle également le tournant historique de l'Isle de France qui devra céder son autorité aux britanniques.

En 1968 et sous l'impulsion de Sir Seewoosagur Ramgoolam, l'Ile accède à l'indépendance et deviendra en 1992, une république.

Lorsque je monte les marches vers l'avion, mon regard se pose une dernière fois sur l'horizon et cette question qui ne m'a pas quittée depuis mon arrivée : la question de l'identité nationale.
Cette question-là qui fait tant débat en France résonne au plus profond de mon histoire.

Par delà les terres et les océans, les ramifications culturelles instruisent sur les arbres généalogiques de chaque mauricien... plus vous tentez d'apprendre sur vous, et plus le voyage vous mène aux 4 points cardinaux.

Si les dodos n'avaient point disparu, ils vous diraient qu'au premier jour, Dieu créa l'Ile Maurice... Ce n'est qu'en 1505 qu'arrivèrent les Portugais, puis en 1598, les Hollandais.

Puis et à jamais, le Dodo dut sommeiller...
L'Ile Maurice, terre de nomades et de pèlerins, a raison de choisir une roulotte pour raconter son histoire... et, de sa fragilité historique, toute la force de ces mutations humaines...