
Gagner Port-Louis et son coeur représente une mission de patience et de courage. Sur une autoroute saturée en semaine, les voitures se frôlent et se disputent quelques mètres sous une chaleur d'étuve... Les autoroutes sont le fléau d'une Ile dépourvue d'autres moyens de transport et qui ne parvient pas à sortir les habitants d'un problème majeur. Car Port-Louis concentre la moitié de l'Ile sur un espace qui ne peut plus grignoter davantage de terre, à moins de grimper au sommet des montagnes. Mais Port-Louis a su modeler un visage à faire pâlir de jalousie l'océan Indien et ses cotes africaines. Elle se hisse et se drape d'un manteau soyeux... A côté des échoppes chatoyantes, les religions s'expriment dans un profond respect et les rues se parent de fruits, d'épices, de marchands à bicyclette. Au petit matin, les vendeurs itinérants exaltent les papilles avec leur doll puri (galettes saucées),gâteaux sucrés, glaces et jus frais. Couleur rubis, émeraude, ébène s'entremêlent sur les étales du marché. Les volailles, poissons, épices se négocient commme au temps des colonies, ici, c'était hier... Les sens en éveil sont appelés par ce marché et son dédale d'allées et de marchands. Mélange de langues, de couleurs, de vêtements et de traditions. Mais s'il est un geste à exécuter en sortant du marché, c'est celui de boire un lait caillé. Fraîcheur et saveur vous encouragent à fondre de nouveau dans les rues de la capitale.

Port-Louis, caressée par des allées de flamboyants, vous attire à mesure qu'elle se dévoile. L'air est rapidement irrespirable mais les rues gardent l'empreinte du temps et vous retiennent en leur sein.
Le regard ne cherche pas longtemps la présence de Mahé de Labourdonnais. Le visage face à la mer, il observe tous les mouvements de Port-Louis et rappelle le rôle essentiel qu'il tint dans le développement de l'Isle de France, à l'époque. Le fier breton devenu gouverneur encouragea la construction du port, des routes, la culture du sucre, les plantes, les hôpitaux... C'est un peu de la France et beaucoup de la Bretagne que le malouin importa sur ces terres.

Face à Mahé de Labourdonnais, Sir Seewoosagur Ramgoolam domine le front de mer. Le père de l'indépendance converse toujours avec les siens et, brandissant un livre à la main, il les appelle à la connaissance et aux savoirs, de ce pas averti...
De part et d'autre du front de mer se nichent des musées, un moulin, des boutiques, le tout dans un mélange de matériaux et d'époques réussi. La visite des musées est repoussée à lundi car il reste le nord de l'Ile à découvrir.

Nous passons devant le parlement mauricien, et nous prenons la direction de Pamplemousse et son célèbre jardin. La visite se fera dimanche matin puisque la journée consiste à faire le maximum de repérages afin de tracer un itinéraire pour la roulotte. Le temps nous manque et l'Ile s'avère plus grande, plus animée que je ne l'avais imaginée ce qui envisage de belles animations à venir et l'importance d'une grande mobilisation afin de rassembler la population sur les lieux que nous animerons. Car toute la saveur de l'Ile est de pouvoir fédérer des mauriciens issus de cultures différentes, d'arriver à parler une langue pour que nul ne se sente exclu... créoles, indiens, français, anglais, chinois.
La langue du cheval ne serait-elle pas à envisager ?
Plus nous avançons dans les repérages et plus je constate que les villes ne s'articulent pas de la même façon. Chacune s'anime d'une façon unique, et, parfois, il n'est aucune chance aux chevaux et à la roulotte de pouvoir s'arrêter. Les maisons bordent les rues principales et grouillent d'échoppes, et de passage. La très dense circulation des voitures n'offre parfois aucune solution. Et nous traversons le village avec l'espoir que le suivant dévoile une place.

L'étape suivante nous conduit à Triolet et la visite du temple : Le Maheswarnath, le plus grand de Maurice. Le silence est rompu par les cloches qui retentissent à chaque visite. Les couleurs vives mettent en lumière les visages des Dieux. Dinand prend patience à m'expliquer la vie de ces personnages.
Nous prenons ensuite la direction de Grand Baie, "la côte d'Azur mauricienne". Adieu authenticité et couleurs flamboyantes. Bienvenue dans le domaine des touristes et des néons...
Mais... de longues plages animées et joyeuses où les enfants se tutoient et s'amusent, où le marchand de glace passe et repasse, présagent de belles animations avec la roulotte. Ateliers d'écriture, lecture de lettres, de contes, jeux ludiques accompagnés de musiciens et de danseurs... voilà la clef du paradis littéraire. La rencontre avec les mauriciens et le livre...

La voiture se dirige ensuite vers le Nord Est et descend en direction de Poudre d'Or. C'est au large de ces côtes que le Saint Géran fit naufrage et, inspira 40 ans plus tard, l'écriture de Paul et Virginie à Bernardin de Saint-Pierre et qui connut un succès retentissant.
Chance ! Une roulotte surgit devant moi !
Mais... ...

Non... nous ne détenons pas encore la réponse à notre énigme...
Trouverons-nous la perle rare cachée quelque part dans les montagnes et qui, de ses doigts agiles, parviendra à transformer le carosse en roulotte ?
Poursuivons notre mission...
La voiture traverse la Clémence, Rivière du Rempart, Quartier Militaire, puis, force est de constater que la nuit gagne l'Ile.
Le soleil se pose sur la montagne aux Lions et, le temps d'une pause, nous permet d'aborder la vie économique de l'Ile : la culture de la canne à sucre...
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