5ème jour. Lundi 14 décembre. Port-Louis

Une réunion doit se tenir au ministère ce matin avec les responsables de la police, du Mauritius Turf Club et le chef de cabinet.
L'heure n'étant pas annoncée, Dinand et moi, nous arrivons de bonne heure à la capitale et en profitons pour visiter plusieurs musées."Le Floral Museum", et ses expositions de poissons, requins, tortues, et surtout, une salle entièrement dédiée au "Dodo". Cet oiseau, peu farouche, se laissait facilement approcher à l'époque des Hollandais qui, cherchant de quoi se nourrir, trouvaient facilement leur bonheur. Ici, les bêtes éprouvées par le temps semblent attendre un "relooking" et observent le visiteur d'un oeil assoupi. Autrefois - murmurent-elles, nous écoutions les éloges se déverser sur nous, mais aujourd'hui, le visiteur nous regarde à peine et de sa bouche, plus rien n'en sort...
C'est un peu vrai.
Ensuite, nous traversons la rue et découvrons le Company Gardens, avant de gagner la maison de Sir Seewoosagur Ramgoolam,transformée en musée.
La maison ressemble à l'homme, profondément humain, le visage et les engagements tournés vers l'autre, son indépendance, son ascension vers les marches de la liberté. Le livre qu'il brandit est un appel à étudier pour faire de sa vie un rêve possible, au prix de l'effort, du courage, et du savoir. Il était plus que le père de la nation, il semblait l'ami, le confident, le sage... Son fils, Navin Ramgoolam - l'actuel premier ministre, marche sur les pas de son père et prolonge l'oeuvre d'un homme devenu l'histoire d'une famille...
Au terme de la visite, le téléphone sonne, je suis avertie que la réunion va se tenir dans quelques minutes au ministère, nous allons enfin parler "cheval", je presse le pas.J'espère cette rencontre depuis plusieurs mois, puisque l'histoire de l'hippodrome du Champ de Mars et du Mauritius Turf Club date de 1810, en lien direct avec les festivités de la bataille de Grand-Port. Quelle aubaine de pouvoir célébrer une bataille maritime en lien avec l'histoire du cheval...
En effet, pour apaiser toute tension lorsque l'Isle de France passa entre les mains des britanniques, Edward Alured Draper, colonel de l'armée britannique, proposa d'organiser des courses hippiques. Le champ de Mars va naître en 1812 de cette idée, et aujourd'hui encore, les courses de chevaux tiennent une place prépondérante dans le coeur des mauriciens.
La rencontre autour de la table nous permet d'aborder la sécurité de l'événement en rapport avec mes repérages et les premières observations. La police apporte sa collaboration sans faille à la réussite du Tour de Maurice en roulotte et travaillera main tendue avec nous. Nous allons identifier les villes partenaires, les lieux et horaires de passage, les rues fréquentées et sécuriser tous les déplacements de la roulotte.
Il est retenu l'idée de construire une roulotte légère, tirée par un ou deux chevaux mais pour une distance de 2 à 4 km maximum par jour. Les déplacements d'un point à un autre point se feront en camion.
Ensuite, Philippe du MTC, nous encourage à contacter une personne - Olivier François pour tout ce qui concerne la roulotte et les chevaux.
Un vent d'espoir souffle sur la réunion qui ne s'étire pas en longueur.
Une autre réunion prend place dans les bureaux des responsables. Nous évaluons le travail effectué depuis mon arrivée et, je demande à rencontrer les partenaires culturels. Deux réunions majeures vont suivre :
- la visite de l'hippodrome (et des chevaux) ;
- la rencontre avec Yves Chan Kam Lon, directeur de la bibliothèque Nationale.
Avant de quitter le ministère, nous tentons de joindre au téléphone Olivier François, et nous proposons de le rencontrer le lendemain, mardi 15 décembre.Nous profitons d'une heure libre afin de visiter l'"Aapravasi Ghat", inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2006. Si les guides touristiques ne mentionnent pas toujours l'intérêt du musée, je le recommande vivement à toutes les personnes foulant le sol mauricien. La jeune guide Vijaya, dans un français parfait, explique l'arrivée des indiens "engagés" dans ce dépôt d'immigration et le cheminement avant d'atteindre les exploitations de sucre. Un long parcours, semé de contrôles et d'attente mais, où ici, toutes les religions se rencontrent. Premiers pas en terre inconnue, les hommes venus de culture différentes, s'échangent des informations, des regards. C'est ici, dans ce lieu de transit, que naît le cosmopolisme mauricien.A 14h00, nous rejoignons l'hippodrome du Champ de Mars et allons à la rencontre de Philippe. Je présente le projet et soumets l'animation envisagée. Malheureusement, la configuration du Champ de Mars ne peut retenir l'idée, et, il est envisagé une autre possibilité, qui elle, séduit. D'un pas rapide, Philippe me conduit vers les chevaux et soutient qu'Olivier François sera notre interlocuteur.Nous quittons les lieux 30 minutes plus tard pour la bibliothèque nationale où Yves Cham Kan Lon, un personnage comme nous les aimons, drôle, charmant, perspicace et engagé, m'attend. Nous évoquons une collaboration possible dans le Tour de Maurice. Après un échange de trente minutes et la présentation de nos projets communs, nous concluons à un accord.Je demande à revenir vers le champ de Mars avant d'atteindre les hauteurs de Port-Louis où se trouve la citadelle.
La vue embrasse la capitale.
La nuit commence à tomber, il me tarde d'être à demain, les jours galopent et me rapprochent inéxorabblement du départ... J'ai enfin aperçu des chevaux et garde confiance. Demain sera décisif.

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